Pologne – Entretien conduit par Sébastien Meuwissen en décembre 2021 à Varsovie avec le professeur Wojciech Roszkowski, écrivain, historien spécialisé dans l'histoire polonaise et européenne des XXe et XXIe siècles et ancien député européen du parti Droit et Justice. Wojciech Roszkowski fait partie des références parmi les intellectuels conservateurs polonais. Dans l’un de ces derniers ouvrages, il revient sur les événements marquants de la politique polonaise de ces dernières années.
Sébastien Meuwissen: Tout au long des années 1990 et jusqu’au milieu des années 2000, la Pologne est dirigée presque sans interruption par la gauche post-communiste (SLD). L’une des figures les plus reconnaissables de cette période demeure l’ancien président Lech Wałęsa. En Europe occidentale et dans bon nombre de milieux de gauche libérale, Wałęsa demeure une sorte de monstre sacré dont la critique est mal vue. Que vous inspire ce personnage historique?
Wojciech Roszkowski: Il faut effectivement souligner le fait que la gauche n’a pas gouverné sans interruption. Il y a eu de petites exceptions comme ne fût-ce que le gouvernement Olszewski entre décembre 1991 et juillet 1992 à l'époque de la présidence de Lech Wałęsa. Ce que Wałęsa dit aujourd’hui est tellement compromettant qu’il est difficile de comprendre quelles furent ses intentions durant la première moitié des années 1990.
Ses mots d’ordre faisaient référence à l'accélération de la décommunisation du pays. Or il n’à rien fait dans ce sens. Au cours de ses cinq ans de présidence entre 1990 et 1995, il a maintenu le système post-communiste tel quel. Il faut aussi souligner ici que sur la fin, il n'était entouré presque exclusivement de membres des services de renseignements.
Le problème qui apparaît est de savoir comment catégoriser Wałęsa. Etait il un post-communiste ou un anti-communiste? Nous avons ici affaire à un énorme malentendu. Des millions de Polonais ont cru et croient d’ailleurs jusqu’aujourd’hui, que Wałęsa etait un anti-communiste tandis qu’il était en réalité un post-communiste. Il était au centre d’innombrables affaires douteuses. C’est lui qui a présenté l'idée de transformer les bases soviétiques sur le territoire polonais en entreprises mixtes russo-polonaises. Ce sont des faits.