« En huit ans, le gouvernement de Donald Tusk a fait disparaître des caisses de l’État près de 30% du PIB annuel de la Pologne »

Un historien raconte les origines récentes de la partition entre "libéraux" et "illibéraux" en Pologne et expose le rôle de Donald Tusk.

Forrás: VisegradPost2022. 02. 21. 21:29
« En huit ans, le gouvernement de Donald Tusk a fait disparaître des caisses de l’État près de 30% du PIB annuel de la Pologne »
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PologneEntretien conduit par Sébastien Meuwissen en décembre 2021 à Varsovie avec le professeur Wojciech Roszkowski, écrivain, historien spécialisé dans l'histoire polonaise et européenne des XXe et XXIe siècles et ancien député européen du parti Droit et Justice. Wojciech Roszkowski fait partie des références parmi les intellectuels conservateurs polonais. Dans l’un de ces derniers ouvrages, il revient sur les événements marquants de la politique polonaise de ces dernières années.

 

Sébastien Meuwissen: Tout au long des années 1990 et jusqu’au milieu des années 2000, la Pologne est dirigée presque sans interruption par la gauche post-communiste (SLD). L’une des figures les plus reconnaissables de cette période demeure l’ancien président Lech Wałęsa. En Europe occidentale et dans bon nombre de milieux de gauche libérale, Wałęsa demeure une sorte de monstre sacré dont la critique est mal vue. Que vous inspire ce personnage historique?

Wojciech Roszkowski: Il faut effectivement souligner le fait que la gauche n’a pas gouverné sans interruption. Il y a eu de petites exceptions comme ne fût-ce que le gouvernement Olszewski entre décembre 1991 et juillet 1992 à l'époque de la présidence de Lech Wałęsa. Ce que Wałęsa dit aujourd’hui est tellement compromettant qu’il est difficile de comprendre quelles furent ses intentions durant la première moitié des années 1990.

Ses mots d’ordre faisaient référence à l'accélération de la décommunisation du pays. Or il n’à rien fait dans ce sens. Au cours de ses cinq ans de présidence entre 1990 et 1995, il a maintenu le système post-communiste tel quel. Il faut aussi souligner ici que sur la fin, il n'était entouré presque exclusivement de membres des services de renseignements.

Le problème qui apparaît est de savoir comment catégoriser Wałęsa. Etait il un post-communiste ou un anti-communiste? Nous avons ici affaire à un énorme malentendu. Des millions de Polonais ont cru et croient d’ailleurs jusqu’aujourd’hui, que Wałęsa etait un anti-communiste tandis qu’il était en réalité un post-communiste. Il était au centre d’innombrables affaires douteuses. C’est lui qui a présenté l'idée de transformer les bases soviétiques sur le territoire polonais en entreprises mixtes russo-polonaises. Ce sont des faits.

Afin de comprendre les gouvernements post-communistes polonais des années 1990, il faut avoir un nouveau point de vue sur Wałęsa car il s’agit probablement de la plus grande supercherie de l’histoire moderne polonaise. Je tiens cependant à souligner que son activité en tant que leader du syndicat Solidarność au début des années 1980 n'était pas nuisible. Le pire a commencé lorsqu'il est devenu président.

Sébastien Meuwissen: Le milieu des années 2000 représente un tournant pour la politique polonaise. Le pays rejoint l’Union européenne en 2004. L'année suivante, le parti conservateur Droit et Justice (PiS) remporte les élections législatives en devançant les libéraux de la Plateforme Civique (PO). Peu après, c’est une nouvelle victoire du camp conservateur avec la victoire surprise de Lech Kaczyński sur Donald Tusk aux élections présidentielles. La période 2005-2007 sera donc marquée par un gouvernement Droit et Justice que l’on peut difficilement qualifier de succès. Qu’en pensez vous?

Wojciech Roszkowski: À cette époque, l'animosité entre le PiS et la PO était encore nettement inférieure à ce que l’on connaît aujourd’hui. Les observateurs prédisaient même une coalition de ces deux forces politiques. Il n’en fut rien. La situation du PiS était compliquée étant donné son manque de majorité à la Diète et devait donc former une coalition. La PO est rapidement devenue une opposition agressive. Dans cette situation, le seul partenaire de coalition possible étaient les populistes de droite du parti Autodéfense ou la Ligue des Familles Polonaises aux racines douteuses, mais déterminés à accéder au pouvoir. Cela s’est mal terminé. La question est de savoir si PiS pouvait faire autre chose que d’essayer avec eux. Plus tard, Jarosław Kaczyński a même présenté ses excuses pour cette tentative de coalition. Or l’art de gouverner consiste entre autres à avoir suffisamment de force et le PiS seul n’avait pas la majorité.

Sébastien Meuwissen: Vient ensuite l’an 2007 avec une nette victoire de la PO aux élections législatives mais sans majorité absolue. Au lendemain de ce succès, la PO entre en coalition avec le parti de centre-droit PSL. Dès 2008, on observe une véritable dissonance entre la politique étrangère menée par le président conservateur Lech Kaczyński et le tandem libéral du Premier ministre Donald Tusk et de son ministre des Affaires étrangères Radosław Sikorski. C’est le début de ce que vous appelez une “cohabitation dramatique”. Pourquoi cette expression?

Wojciech Roszkowski: Dès la formation du nouveau gouvernement, la Plateforme Civique de Tusk lance ce que certains appellent une “industrie du mépris" vis-à-vis du Président Kaczyński. Je ne sais pas comment résumer cela de la meilleure manière possible. Il me semble que la question à se poser concernant la situation dont nous parlons est la suivante : quelles sont les limites de la critique des opposants politiques? Étant différents sur toute une série de points, est-ce qu’on essaie de coopérer malgré ces différences ou est-ce qu'on essaie de détruire l’adversaire par tous les moyens?

De mon point de vue, dans un système démocratique, la meilleure solution est la coopération, car un État déchiré par un conflit au sommet entre le Premier ministre et le Président se place dans une situation qui mène à l'échec.  L’un des exemples les plus marquants de cette époque fut le refus du gouvernement Tusk de mettre à la disposition du Président Kaczyński un avion pour qu’il se rende à un sommet européen en 2008. Ce dernier se rend finalement à Bruxelles en avion à titre privé pour y représenter la Pologne. Je me suis senti mal à ce moment-là, car la crédibilité même de l’État polonais etait remise en question.

Nous ne vivons pas sur la lune. À l’Est de notre pays se trouve la Russie qui, selon mon intuition, a pris connaissance de cette situation avec beaucoup d'intérêt. Moscou a vu qu’il était possible de détruire ce pays de l'intérieur. Mon intuition me murmure que c’est à ce moment-là que les événements qui mèneront peu de temps après à la catastrophe de Smoleńsk ont commencé. La aussi Donald Tusk et Lech Kaczyński se sont rendus en Russie dans deux avions distincts.

Je pense que les historiens prouveront tôt ou tard la véracité des thèses que j’avance. D'innombrables faits et prises de parole sont là et n'attendent qu’à être étudiés. Plusieurs mystérieux suicides ont également eu lieu avant et après le crash. Je pense notamment au leader du parti Autodéfense Andrzej Lepper qui était sur le point de transmettre des informations confidentielles à Jarosław Kaczyński.  Sans parler du comportement de Tusk dans les heures et les jours qui ont suivi le drame…

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