Catholiques et orthodoxes polonais face à l’agression russe en Ukraine

Soutenue par le patriarche Cyrille, l’invasion de l’Ukraine par la Russie divise les chrétiens en terre slave

Forrás: VisegradPost2022. 04. 02. 10:33
Catholiques et orthodoxes polonais face à l’agression russe en Ukraine
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Pologne – Le patriarche de Moscou et de toutes les Russies Cyrille avait attendu presque une journée entière le 24 février, date du lancement de l’offensive russe contre l’Ukraine, pour prendre la parole et exprimer, dans un message succinct, sa compassion pour les souffrances des gens touchés par les « événements courants » et appeler les « parties au conflit » à minimiser le nombre de victimes civiles tout en assurant ses fidèles « d’une prière profonde et fervente pour le rétablissement rapide de la paix ». Les mots « guerre » ou « agression » étaient absents de son message. Qui plus est, dans son sermon du 6 mars, pour le dimanche du Pardon préparant les orthodoxes au Carême, Cyrille a pris ouvertement parti pour Vladimir Poutine et a apporté à la propagande militaire russe une dimension religieuse et mystique en faisant référence à une conception du « monde russe » dans laquelle la Russie et ses soldats ont l’obligation de combattre les forces du mal incarnées par les « nazis » ukrainiens soutenus par l’Occident russophobe et décadent, dont le symbole serait les marches LGBT occidentales qui ont également été organisées dans certaines villes ukrainiennes.

Cette attitude du patriarche de Moscou peut surprendre ceux qui ne sont pas conscients de l’alliance très étroite entre l’Église orthodoxe russe et le pouvoir politique et ne connaissent pas forcément les positions de Cyrille concernant par exemple la guerre dans le Donbass, le percevant simplement comme un prédicateur de l’Évangile et un défenseur des valeurs conservatrices menacées par les idéologies néo-marxistes occidentales.

Les appels des évêques catholiques polonais au patriarche Cyrille

En Pologne, pays qui a longtemps vécu sous la botte russe, les évêques de l’Église catholique, qui n’ont pas peur de condamner eux-mêmes ces idéologies néo-marxistes occidentales, n’ont jamais partagé cette vision de l’Église orthodoxe russe et n’ont jamais tenu Moscou pour la troisième Rome, voyant plutôt le patriarche Cyrille comme un fonctionnaire loyal du tsar contemporain, conformément à la tradition orthodoxe russe et même à la tradition orthodoxe en général, qui remonte à l’Empire byzantin. Cela ne les a bien entendu pas empêché d’en appeler à Cyrille pour qu’il fasse usage de son autorité de patriarche pour empêcher la guerre. Dans sa lettre du 14 février 2022 adressée à tous les évêques catholiques et orthodoxes de Russie et d’Ukraine, l’archevêque de Poznań Stanisław Gądecki, président de la Conférence épiscopale polonaise, leur demandait avec insistance : « Unissons nos efforts spirituels à ceux des disciples du Christ de diverses confessions en Russie, en Ukraine et en Pologne, et offrons ensemble une prière fervente à Celui qui est la Paix elle-même, afin d'écarter le spectre d'une nouvelle guerre dans notre région (…) Je vous demande également, chers frères, d'adresser à vos fidèles un appel similaire, et que le Seigneur détourne le cœur des gouvernants de la soif de guerre et de destruction pour le rapprocher de la miséricorde et de la paix. »

Dans sa seconde lettre envoyée à Cyrille le 2 mars dernier, le président de la conférence des évêques de Pologne a directement demandé au patriarche de Moscou « de faire appel à Vladimir Poutine pour qu’il mette fin à cette lutte insensée contre le peuple ukrainien dans laquelle des gens innocents sont tués ». « Un seul homme peut avec une seule parole », continuait-il, « arrêter les souffrances de milliers de gens : c’est le président de la Fédération de Russie. Je vous demande très humblement d’appeler au retrait des troupes russes du pays souverain qu’est l’Ukraine. (...) Je vous demande également de faire appel aux soldats russes pour qu’ils ne participent pas à cette guerre injuste, qu’ils refusent d’exécuter des ordres qui, comme nous le voyons déjà, donnent lieu à de nombreux crimes de guerre. Le refus d’exécuter un ordre dans une telle situation est une obligation morale. Le temps des comptes pour ces crimes, y compris devant les tribunaux internationaux, viendra un jour. Et si quelqu’un parvenait à échapper à cette justice humaine, il existe un autre tribunal qui ne peut être évité. »

La réponse à la première lettre transmise par l’évêque orthodoxe Hilarion, président des relations extérieures du Patriarcat de Moscou, se résumait, selon Mgr Gądecki, au constat qu’il existe une alliance éternelle de la foi entre la Russie et l’Ukraine et au conseil donné aux évêques catholiques de Pologne de dissuader les hommes politiques polonais de faire des déclarations agressives sur la Russie s’ils souhaitent vraiment arrêter le conflit. Quant à la deuxième lettre, elle est apparemment restée sans réponse.

Des réactions mitigées de l’Église orthodoxe de Pologne

Les réactions de l’Église orthodoxe de Pologne à l’invasion des troupes russes en Ukraine ont été en revanche assez mitigées, surtout au début de la guerre. L’Église orthodoxe de Pologne, aujourd’hui dirigée par le métropolite Sawa de Varsovie, existe en tant que juridiction autocéphale depuis 1924. Comme pour la reconnaissance de l’Église autocéphale ukrainienne en 2018 par le patriarcat de Constantinople, le patriarcat de Moscou avait dans un premier temps refusé de reconnaître cette Église de Pologne comme entité autonome du monde orthodoxe une fois que le pays avait récupéré son indépendance, ne la reconnaissant qu’en 1948, quand la Pologne vivait à nouveau sous occupation russe à l’époque stalinienne. Selon le recensement de 2011, l’Église orthodoxe de Pologne comptait il y a dix ans un peu moins de 160 000 fidèles qui vivaient principalement dans la région de Białystok, dans l’est du pays. Ces fidèles sont un reliquat des populations orthodoxes anciennes et nombreuses qui vivaient dans toute la partie orientale de l’ancienne République des deux nations polono-lituanienne, puis, après la Première guerre mondiale, sur les territoires de la Deuxième République polonaise où étaient présentes des minorités biélorusses et ukrainiennes. Aujourd’hui, la plupart des membres de l’immigration ukrainienne vivant en Pologne sont également des orthodoxes, pour autant qu’ils pratiquent leur religion, ce qui est nettement moins souvent le cas que chez les Polonais eux-mêmes.

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