Tchéquie - Les 8 et 9 octobre 2021, comme prévu par le calendrier électoral tchèque, des élections à la chambre basse du Parlement tchèque (la Chambre des députés) ont été célébrées. Les résultats du scrutin sont intéressants, pour plusieurs raisons. Le mouvement du Premier ministre n’est plus dominant, ayant été vaincu par une coalition de l’opposition de droite. L’écart entre ces deux concurrents (0.67%) a été le plus court de l’histoire électorale tchèque. Les partis traditionnels de la gauche – le Parti Social-Démocrate et le Parti Communiste –, privés de tout mandat pour la toute première fois de l’histoire, ont été écrasés. De plus, le Parti Pirate, qui s’attendait encore, il y a quelques mois, à hériter du cabinet du Premier ministre, a perdu 18 sièges. Ces élections ont aussi exhibé une structure typique d’élections à forte participation (la plus élevée depuis 1998), avec un nombre record de voix perdues : en tout, ce sont, virtuellement, 48% des citoyens qui ne seront pas représentés politiquement.
Les législatives d’octobre se sont soldées par plusieurs résultats imprévus et divers phénomènes sans précédent. Contre toutes les prédictions récentes, c’est l’opposition qui a réussi à gagner une majorité de sièges à la chambre basse.[1] Les différences séparant le bloc jusqu’ici connu sous le nom « d’opposition démocratique » et le mouvement ANO du Premier ministre – force politique qui était devenue hégémonique au cours des dernières années –, sont importantes. Les élections de 2021 devraient donc, par conséquent, probablement déboucher sur une coalition de gouvernement complètement différente. Cela vient aussi de l’échec des deux petits partis de gauche qui, de 2017 à 2021, ont fait, de iure ou de facto, partie de la coalition organisée autour d’ANO : ces derniers ont perdu tous leurs mandats à la Chambre des Députés.
Défauts du système électoral
Vont donc siéger à la chambre basse les représentants de quatre entités : le mouvement ANO (72 sièges), SPOLU (71 sièges), PirSTAN (37 sièges) et le SPD (20 sièges). A première vue, on pourrait croire qu’il s’agit d’une composition plus stable, plus constructive, et qui a gagné en transparence, étant donné que seules quatre entités ont des mandats. Il s’agirait là, certes, d’un progrès, dans la mesure où, jusqu’à présent, la Chambre des Députés a souffert d’une trop grande fragmentation, qui sape la stabilité gouvernementale. Dans le système tchèque, typiquement, le gouvernement doit être formé par la coalition de plusieurs (au moins de trois) entités, ce qui rend très difficile une gouvernance efficace. Les compromis sont donc devenus un passage obligé et la condition sine qua non de la vie politique – cause d’une insatisfaction durable, aussi bien dans l’opinion que chez les hommes politiques eux-mêmes. L’essentiel, c’est qu’aucun parti n’est en mesure de mener à bien son programme, car le parti arrivant au gouvernement est contraint de consentir à des concessions substantielles à d’autres entités politiques dont il a besoin dès l’étape de la constitution d’un gouvernement. Ce raisonnement ne vise pas à remettre en cause la légitimité du système démocratique ou du système parlementaire, mais à éclairer l’un des problèmes les plus graves de la politique tchèque de l’ère post-communiste. Il existe des instruments et des méthodes qui permettraient de rendre le système plus stable et plus bénéfique pour les gens – par exemple en affaiblissant le principe de représentation proportionnelle, en faveur d’une évolution du système électoral en direction du scrutin majoritaire uninominal.
Entité | Voix | Pourcentage | Sièges |
SPOLU | 1.493.905 | 27.79% | 71 |
ANO | 1.458.140 | 27.12% | 72 |
PirSTAN | 839.776 | 15.62% | 37 |
SPD | 513.910 | 9.56% | 20 |