Pologne – Sorte de New Deal à la polonaise, le programme « Ordre polonais » (Polski Ład) comprend un volet fiscal qui, depuis le 1er janvier, sème le trouble et est source de mécontentements. De nombreuses imperfections et erreurs sont déjà à corriger, mais certaines corrections importantes ne pourront intervenir qu’en 2023. En outre, même les catégories qui devaient bénéficier de la grande réforme de la fiscalité réalisée par le gouvernement Morawiecki avec un préavis de quelques mois seulement, et même moins si l’on tient compte des dernières modifications apportées à la fin de l’année, voient leurs gains s’évaporer à cause d’une inflation à 8,6% en rythme annuel, selon les estimations de l’office de la statistique polonais GUS pour le mois de décembre. Ainsi, ce qui avait été conçu comme une guerre éclair devant assurer au parti Droit et Justice (PiS) de Jarosław Kaczyński une nouvelle victoire électorale en 2023 – ou avant en cas d’élections anticipées, le PiS bénéficiant d’une majorité fragile à la Diète – s’est déjà transformé en guerre de position, pour reprendre les mots d’un politologue polonais.
Premier couac : nombre de fonctionnaires et retraités censés bénéficier dès le mois de janvier du relèvement à 30 000 zlotys (environ 6 600€) du seuil des revenus libres d’impôt (sans condition de ressource, contre 1 360 zlotys en 2021 mais uniquement pour les bas revenus), puisque cet impôt est prélevé à la source, ont vu leur rémunération nette réduite en janvier du fait d’erreurs de calcul ou d’interprétation par les comptables ou parce qu’ils n’avaient pas fait une déclaration qu’ils auraient dû faire avec la réforme, et inversement pour ceux qui ont remis une déclaration qu’ils ne fallait plus faire.
Le 7 janvier, le Premier ministre Mateusz Morawiecki a présenté ses excuses aux Polonais et promis que les erreurs seraient rapidement corrigées de manière à ce que les sommes indûment retenues soient versées avant le mois de février. Et il en a profité pour défendre cette réforme. « Nous voulons que tous les Polonais gagnent mieux leur vie. Mais avant tout, ce sont ceux qui ont été négligés jusqu'à présent qui doivent gagner plus. Après tout, c'est la raison d'être de l’impôt progressif », a déclaré M. Morawiecki qui a reproché au système précédent d’avantager les plus riches et de désavantager les plus pauvres, plus fortement taxés en pourcentage de leurs revenus.