Pologne/Irlande – Sligo, petite ville de 17 000 habitants dans le diocèse d’Elphin sur la côte nord-ouest de la République d’Irlande, avec une minorité polonaise de 2000 personnes dans la ville-même et ses alentours. Depuis maintenant plus de quinze ans, un des points de repère pour cette communauté est la paroisse Sainte-Anne où le ministère de la pastorale des Polonais est exercé actuellement par le père Stanisław Kardaś, qui a été délégué là par l’évêque de Rzeszów, en Pologne. Le père Kardaś et ses prédécesseurs ont réussi à créer dans cette paroisse de Sligo un centre pastoral dynamique pour les Polonais du coin. Chaque semaine, le père Stanisław célèbre une messe en polonais dont la liturgie est soigneusement préparée par les fidèles. Il administre les sacrements, assume de rôle d’aumônier à l’hôpital, rend visite aux prisonniers, et participe aux réunions de groupes de prières. Les Polonais assemblés autour de la paroisse ont organisé deux fois de suite, dans les années précédant le Covid, un pique-nique pour les familles avec plats faits maison, musique et attractions pour les enfants. Cet événement s’adressait aussi aux autres communautés, et en particulier bien sûr aux Irlandais « de souche », afin de créer une occasion d’intégrer les deux communautés et de tisser des liens d’intimité entre elles. Cette initiative ainsi que les réunions de Noël où sont chantés les cantiques traditionnels polonais et distribués des cadeaux pour les enfants étaient financés par un fonds commun collecté chaque dimanche grâce aux dons des fidèles polonais. L’activité pastorale et culturelle de la communauté polonaise de Sligo a longtemps bénéficié du soutien de l’évêque et des prêtres locaux, y compris celui de l’évêque actuellement en charge du diocèse d’Elphin, Mgr Kevin Doran.
Sligo n’est pas une exception. Il y a plus de cent vingt mille personne de nationalité polonaise vivant en République d’Irlande selon le recensement de 2016, ce qui représente un peu plus de 2,5 % de la population et fait des Polonais la première communauté étrangère du pays. Si l’on ajoute à cela les Polonais nés en Pologne mais naturalisés, ce nombre tourne probablement autour de 200 000, pour une population totale d’à peine 5 millions d’âmes (4,76 millions selon le recensement de 2016). Après l’adhésion de la Pologne à l’UE en 2004, l’Irlande avait été, aux côtés du Royaume-Uni et de la Suède, un des trois pays à avoir immédiatement ouvert ses frontières aux travailleurs polonais. Et comme au Royaume-Uni voisin, l’immigration polonaise a fortement contribué à ralentir le déclin de l’Église catholique locale, voire à redonner vie à des paroisses. L’Église catholique en Irlande connaît elle-même un déclin accéléré. Entre 1984 et 2011, la proportion d’Irlandais assistant à la messe dominicale était tombée de 90 % à 18 %. En Pologne aussi la tendance est à la baisse, mais cette baisse est nettement moins marquée. En 1980, il y avait 51 % de fidèles à la messe du dimanche en Pologne communiste. En 2000 ils étaient encore 47,5 % de catholiques à assister chaque semaine à la messe dominicale mais seulement 41 % en 2010 et 37 % en 2019.