Le golem se retourne contre ses créateurs

L’Union européenne est un golem. Elle l’a toujours été, mais maintenant, ce golem se retourne contre ses créateurs.

József Horváth
2021. 03. 20. 15:09
Erősödhet a konzervatív politikai erők együttműködése az unióban Fotó: Török János TJ Délmagyarország DM Fotó: Török János/DÉLMAGYAR
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L’Union européenne est un golem. Elle l’a toujours été, mais maintenant, ce golem se retourne contre ses créateurs. Cette constatation peut paraître osée, voire exagérée, mais les évènements de ces dernières années, de ces derniers mois et de ces dernières semaines renforcent en moi cette impression.

C’est à Prague qu’un rabbin faiseur de miracles, du nom de Loew, aurait créé, à la fin du XVIe siècle, cet homme d’argile qui, selon la légende, travaillait du lundi au vendredi au service de la ville et protégeait la communauté juive. Un rouleau de parchemin – qui, de nos jours, serait probablement un programme informatique –, portant le nom de Dieu, le faisait fonctionner. Privé de ce rouleau, le golem redevenait inerte. Or, un jour, échappant à tout contrôle, il s’est retourné contre ses créateurs, piétinant et détruisant tout sur son passage. Le sage rabbin, son créateur, a donc « effacé » le programme, arrêtant ainsi le géant déchaîné.

Les pères fondateurs de l’Union européenne l’ont rêvée, puis créée, afin que notre continent ne provoque plus de conflagration mondiale, et que les nations qui la composent puissent vivre en paix et en prospérité les unes aux côtés des autres. Le golem bienfaiteur fonctionne et semble avoir été créé avec sagesse ; il réussit à faire vivre en paix Français, Britanniques et Allemands. Plus tard, il accueille en son sein les nations d’Europe centrale et orientale libérées suite à l’effondrement de l’Union soviétique, et accepte l’unification allemande. Les pays et les peuples de l’Union pouvaient tourner les yeux vers le XXIe siècle avec de bons espoirs de coexistence pacifique et d’une revigoration politico-économique couronnée de succès.

Or, le golem, de façon presque inaperçue, a commencé à vivre d’une vie autonome, finissant par échapper au contrôle de ses créateurs. Il y a une bonne dizaine d’années, l’idée des « États-Unis d’Europe » a commencé à s’infiltrer dans le débat public, via les médias « progressistes » de gauche libérale. L’idée a bien entendu été embrassée avec enthousiasme par un appareil bureaucratique bruxellois de plus en plus touffu, y trouvant une justification et une pérennisation de son existence – et de son bien-être. Au cours de ce processus, lentement mais sûrement, les valeurs judéo-chrétiennes, pourtant censées, lors de la naissance de l’Union, lui fournir un socle solide, vieux de deux mille ans, ont été érodées, remplacées par l’idée d’une Europe multicolore et multiculturelle dominant les nations qui la composent. Le premier pas dans cette direction a été de faire accepter, voire désirer, l’immigration et l’islamisation – depuis 2015, ce processus s’accélère.

L’année dernière nous a apporté une crise d’un type nouveau : l’épidémie de Covid-19, telle un ouragan, a tout balayé sur son passage, d’un bout à l’autre du monde. La direction de l’Union, telle un golem déchaîné, enchaîne les échecs. Pour commencer, les institutions européennes ont sous-estimé la menace et la vitesse à laquelle l’épidémie se répand. L’année dernière, on a découvert que l’une des régions les plus développées du monde n’était pas capable de se doter d’articles de première nécessité, comme les masques, les gants en plastiques et les respirateurs artificiels. Les pays les plus riches du club se sont empressés de faire main basse sur ces produits par la surenchère, en privant ainsi des États membres plus pauvres, mais plus rapides.

Puis a commencé la course au vaccin. En Europe, en Amérique, en Russie et en Chine, des scientifiques, des centres de recherche et des compagnies pharmaceutiques se sont lancés dans la recherche. Dès l’arrivée des premiers résultats, on aurait pu légitimement penser que l’Europe serait parmi les vainqueurs, étant donné que les recherches les plus rapides et les plus prometteuses étaient américaines, britanniques et européennes. Le golem de l’Union voulait bien entendu accaparer ce succès. Les bureaucrates ont décrété que si c’étaient eux qui négociaient avec les sociétés pharmaceutiques, ils pourraient organiser un approvisionnement plus rapide et en plus grande quantité, car enfin, un marché de cinq cents millions de consommateur séduit davantage les fabricants que celui de tel ou tel État-nation.

Plusieurs compagnies pharmaceutiques ont ainsi bénéficié d’avances de centaines de millions d’euros, afin de pouvoir augmenter leurs capacités et accélérer leur production. Or, pour des raisons mystérieuses, les erreurs, voire les méfaits, se sont à nouveau multipliés. D’abord, les experts de l’Union se sont trompés dans leurs évaluations quant à savoir laquelle des recherches en cours pourrait déboucher le plus rapidement sur des résultats. C’est ainsi que l’année dernière, la plus grande commande a été passée à la compagnie pharmaceutique qui a actuellement le plus de retard dans ses recherches et ses tests.

Ces deux milliards de doses vaccinales, on ne les voit pas même poindre à l’horizon. Le point suivant tient déjà du méfait, car il trahit l’absence de compétence et de précautions – ou pire : le fait que certains bureaucrates de l’Union ont pu être de mèche avec certains groupes pharmaceutiques. Comment expliquer sinon que l’Union ait pu renoncer à son droit de se retourner contre les fabricants en cas de retard de livraison ? Selon le site Politico, « porte-parole » informel de la gauche libérale, les contrats signés par l’UE ne reflètent pas la logique du marché, et contiennent des erreurs ridicules. C’est probablement la raison pour laquelle les négociations ont été tenues secrètes. Du coup, même les groupes pharmaceutiques les plus rapides déclarent les uns après les autres – sous tel ou tel prétexte peu convainquant – qu’ils ne pourront pas livrer l’Union à temps, pendant que les quantités obtenues par d’autres pays dépassent d’un ordre de grandeur celles livrées à l’Union. Les Britanniques peuvent désormais se féliciter d’avoir quitté l’UE, leur gouvernement ayant signé des contrats bien plus avantageux.

Nous en sommes donc au point où le golem se retourne contre ses créateurs. Non seulement les contrats mal négociés ont conduit l’Europe à un retard irrattrapable, mais ce retard aggrave la crise économique, et des milliers de vies sont emportées quotidiennement. Ce qui n’empêche pas le golem de menacer les pays qui ont eu l’audace d’acheter leurs vaccins ailleurs, à la Chine ou à la Russie. On menace de pénalités les gouvernements pour lesquels la sécurité et la vie de leurs propres citoyens sont prioritaires par rapports aux dictats de l’UE. On leur demande même de rendre des comptes : combien ont-ils dépensé pour l’achat de vaccins qui sauvent des vies ? Pendant ce temps, en vertu de négociations conclues derrière les portes closes de bureaux bruxellois, faisant fi des accords précédents, les modestes quantités de vaccins qui arrivent si lentement font l’objet d’une répartition inégale.

Nous en sommes au point où les taux de vaccination des Britanniques, des Américains et des Israéliens dépassent d’un ordre de grandeur ceux des Européens. Quant au gouvernement hongrois, il fait l’objet d’attaques pour la rapidité avec laquelle, au moyen de vaccins russes et chinois, il sauve des vies.

Il faut se rendre à l’évidence : les vainqueurs économiques et politiques de cette crise sanitaire seront les États qui auront été les plus rapides et les plus habiles. Les autres resteront malheureusement à la traîne. La Hongrie ne doit pas ralentir : il nous faut le plus de vaccins possible, le plus rapidement possible, et alors, nous vaincrons. Après cela, nous aurons le temps de nous pencher sur la question du golem.

József Horváth

Conseiller en politiques de sécurité auprès de l’Institut Alapjogokért Központ

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