– En ce qui nous concerne, nous ne voulons pas d’une nouvelle guerre froide. Nous voudrions prier tous nos partenaires d’éviter de créer une atmosphère de guerre froide – a déclaré lundi à Bruxelles Péter Szijjártó, ministre des Affaires étrangères et du Commerce extérieur, au cours d’une pause de la réunion du Conseil des ministres des Affaires étrangères, convoqué en marge de la crise ukrainienne. A l’ordre du jour de la réunion, outre l’Ukraine, il y avait la Syrie et la Libye, ainsi que le Soudan et le Mali. S’agissant des problématiques syrienne et libyenne, le ministre, dans son communiqué, tire la sonnette d’alarme : l’Union européenne doit opérer des changements radicaux dans sa politique du Moyen-Orient et dans sa politique africaine. – « Si nous nous avérons incapables d’opérer ces changements, l’UE va devenir insignifiante dans ces territoires » – affirme-t-il, ajoutant que « dans ce cas, il faudra s’attendre à de nouveaux risques de sécurité en Europe ». Pour lui, ces nécessaires changements devraient être au service de trois objectifs : rendre possible le retour au pays des réfugiés qui ont fui la Syrie et la Libye ; empêcher la formation de nouvelles vagues migratoires ; et l’assistance dans le domaine du contrôle des frontières. « – Nous devons aider la Turquie à amener un maximum de réfugiés syriens à retourner en Syrie. Les Turcs ont déployé des efforts considérables pour sécuriser au moins les territoires frontaliers – déclare Szijjártó, énumérant les tâches qui attendent l’UE. Au Moyen-Orient et en Afrique, il considère que nous devons apporter une assistance sécuritaire, économique et sanitaire, mettre en œuvre des programmes de développement, et surtout ne pas nous contenter d’inviter en Europe les habitants de ces zones.
« Malheureusement, pour l’instant, la politique migratoire de Bruxelles tend à stimuler les vagues migratoires orientées vers l’Europe, et non à les arrêter. »
« – Nous devons aussi aider les pays d’Afrique du Nord à protéger non seulement leurs frontières maritimes au Nord, mais aussi leurs frontières méridionales, de façon à empêcher aussi l’arrivée de masses de migrants dans ces pays – par exemple, en Lybie. »
L’Europe centrale doit être prise en compte
Passant aux questions de sécurité en Europe de l’Est, Péter Szijjártó rappelle que
« lundi après-midi, les ministres des Affaires étrangères participeront à une vidéoconférence avec le Secrétaire d’Etat américain Antony Blinken. »
« – Nous avons besoin de poser des fondations, qui doivent être intangibles. Le premier des piliers de ces fondations, c’est que, en ce qui nous concerne, nous ne voulons pas d’une nouvelle guerre froide – affirme-t-il, faisant allusion à la situation en Ukraine, insistant au passage sur le fait que « pour l’Europe centrale, la période de la guerre froide a eu des conséquences tragiques. » Sa deuxième thèse est que « notre gouvernement ne veut pas non plus d’une atmosphère de guerre froide. Nous voudrions prier tous nos partenaires d’éviter de créer une atmosphère de guerre froide. Nous ne voulons devenir les victimes d’aucun conflit Est-Ouest. Nous sommes déjà passés par là, et ne souhaitons pas répéter l’expérience » – a-t-il déclaré, avant de proposer une synthèse de ses trois prises de position : « La Hongrie soutient toute entreprise et effort diplomatique tendant à trouver une solution négociée aux problèmes de sécurité qui se posent en Europe de l’Est. » Il en a profité pour saluer les négociations directes qu’ont menées les chefs des diplomaties américaine et russe. Concernant les sanctions dont l’Union menace la Russie, il déclare que « nous aurions besoin d’une analyse pesant avec honnêteté l’impact des sanctions déjà adoptées. S’il est question de sanctions, il ne faut pas perdre de vue que l’Europe centrale est dépendante des fournitures russes d’énergie. Que cela nous plaise ou non, telle est la réalité. Tous ceux qui s’occupent des perspectives de ce conflit Est-Ouest devraient prendre en compte l’Europe centrale. »
Puis, répondant à une question, il a affirmé que « pour l’instant, la Hongrie ne prévoit pas de modifier ses conseils de circulation concernant l’Ukraine, ni d’évacuer ses diplomates et leurs familles. Viktor Orbán a rejeté les critiques occidentales visant la visite en Russie qu’il a prévue pour la semaine prochaine, leur répondant qu’il est naturel que le chef du gouvernement hongrois mène des négociations avec le président de la Russie. Et a fait valoir qu’une grande majorité d’Etats-membres entretient des relations bilatérales actives avec la Russie. »
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