– Vous avez pris position en faveur de la primauté du droit national, donc de la Cour constitutionnelle polonaise, à l’encontre du droit européen. Quelles conséquences cette décision peut-elle avoir sur les rapports entre l’UE et ses États-membres?
– « La bureaucratie bruxelloise, en proie à ses velléités impérialistes, a réussi, au terme d’années de travail acharné, à dégoûter les Britanniques de l’Union européenne ; quant aux toutes dernières semaines, elles nous ont permis d’assister à des attaques d’une rare violence contre l’Allemagne, déclenchées par la décision prise par la Tribunal constitutionnel allemand sur les rapports entre droit de l’UE et droit des États-membres. Maintenant, enfin, c’est au tour de la Pologne de subir le courroux de Bruxelles à cause de la décision de son Tribunal constitutionnel.
Ces dernières années, la souveraineté constitutionnelle polonaise a subi de la part de Bruxelles des attaques d’une brutalité sans précédent, sous la forme d’une guérilla politico-juridique au sujet du contrôle du système judiciaire polonais – affaire relevant de la souveraineté nationale et constitutionnelle.
À un certain moment, les Britanniques ont relevé le défi, et ont fini par claquer la porte au nez de l’UE. Les Allemands l’ont aussi relevé, car, en dépit du lancement d’une procédure d’infraction à l’encontre de l’Allemagne, le Tribunal constitutionnel allemand fait savoir à Bruxelles qu’il est en très bonne santé, merci beaucoup, et n’a pas la moindre intention de changer d’avis. Visiblement, les Polonais ont eux aussi relevé le défi. La question de fond est de savoir si ces velléités impérialistes de Bruxelles, conduisant à une démolition étape par étape de l’UE, vont perdurer, ou si, le bon sens l’emportant, il sera permis aux États-membres de jouir de leur liberté et de leur souveraineté. Impérialisme bruxellois ou coopération volontaire et efficace d’États-nations souverains – voici « la question à laquelle il faut maintenant trouver une réponse » [allusion à un célèbre poème patriotique d’Alexandre Petőfi – n.d.t.]. Si les attaques fébriles et de plus en plus agressives des bureaucrates bruxellois se poursuivent, elles auront des conséquences d’une gravité qu’il est impossible de prévoir. »
– Les décisions des Tribunaux constitutionnels allemand et polonais symbolisent-elles le fait que l’UE serait arrivée à une bifurcation, pouvant signifier une fracture ?