Vous avez entendu dire que le gouvernement slovaque aurait demandé pardon pour les décrets Beneš, dont les honteuses dispositions ont amputé les droits fondamentaux et la liberté des citoyens d’origine hongroise, et fait part de ses regrets sincères concernant les victimes innocentes de cette tragédie ? Si c’est le cas, vous avez presque bien entendu.
La demande de pardon a bien eu lieu, en public, et moyennant l’emploi des expressions susmentionnées, le gouvernement de la République de Slovaquie ayant considéré comme une obligation morale le devoir d’exprimer publiquement ses regrets pour les méfaits commis par les autorités slovaques de l’époque. Sauf que les méfaits évoqués n’ont (bien entendu – pourrait-on ajouter) pas été les décrets Beneš, mais le Code juif (Codex Judaicus en latin, Židovský kódex en slovaque) édicté il y a quatre-vingts ans, qui, en vertu de leur appartenance « raciale », privait les Juifs de leurs droits d’hommes et de citoyens, en les excluant de la culture et de toute participation à la société civile. Exactement ce qu’ils allaient faire quatre ans plus tard aux citoyens d’ethnie hongroise (et allemande) – à une époque où la tragédie des Juifs était déjà connue.