Voyons, enfin, le quatrième scénario. C’est le cas de figure qui rappellerait le plus l’époque du déclin de l’Empire romain germanique. Dans ce cas de figure, les divers États membres appliqueraient des politiques durablement divergentes dans divers domaines, ce qui les amènerait de plus en plus à former des alliances particulières, et donc à segmenter l’Union en plusieurs parties. (Le passé a présenté des exemples de telles alliances particulières : l’EFTA promue dans les années 1960 par les Britanniques, le Conseil Nordique créé en 1952 par les pays scandinaves et la Finlande, et bien entendu le Benelux.) Dans un tel processus, un rôle d’initiative et de canalisation pourrait revenir aux pays de l’Europe centrale et à leur alliance au sein du V4, dont le pouvoir d’attraction, leur agglomérant d’autres États membres des Balkans et d’Europe orientale, pourrait les transformer en alliance confédérative des États d’Europe centrale et orientale – laquelle pourrait, à son tour, servir de source d’inspiration à la renaissance et au renouvellement d’autres alliances unissant des membres plus anciens du club (axe franco–allemand, Benelux, alliance scandinave, alliance des pays de la Méditerranée). Dans ce cas, on éviterait certes d’officialiser la dissolution de l’Union, mais cette dernière deviendrait semblable à ce que fut l’Empire romain germanique à l’époque où, existant encore nominalement, il avait, en réalité, depuis longtemps déjà bien moins de réalité politique concrète que les nations qui s’étaient formées en son sein, et les alliances changeantes que passaient ces dernières entre elles.