La question « quo vadis, Unio, quo vadis, Europa ? » se repose de plus en plus souvent dans l’opinion publique européenne – d’autant plus souvent que la Commission actuelle, sous la (non-) direction d’Ursula von der Leyen, a essuyé un échec spectaculaire dans la lutte contre la pandémie – plus précisément, dans l’organisation d’une campagne de vaccination au niveau de l’Union. L’impuissance plus que suspecte de la Commission en matière de vaccinations est même devenue un véritable scandale.
Mais cet échec n’est en réalité que le sommet émergé de l’iceberg : cela fait déjà des années que de nombreuses lignes de fracture divisent et dispersent l’Union comme confédération de nations. L’une d’entre elles est le choc des idéologies/visions du monde (libéralisme mondialiste contre conservatisme national) ; une autre, la profonde et insoluble discorde entourant la question de l’appréciation et du traitement du phénomène migratoire ; mais aussi le conflit opposant théorie du genre et politique familiale traditionnelle, ou encore la querelle du fédéralisme et de la souveraineté nationale – pour ne mentionner que les plus importantes. Ajoutons, à titre de circonstance aggravante qui approfondit ces divisions, le fait que ces lignes de fracture opposent pour la plupart les anciens États membres d’Europe occidentale, d’un côté, aux nouveaux États membres d’Europe centrale et orientale, de l’autre (avec, bien entendu, diverses exceptions de part et d’autre – par exemple, celle du Danemark à l’Ouest).
Il y a quelques semaines, je finissais l’un de mes textes sur les réflexions suivantes : en 1951, l’Europe du Charbon et de l’Acier associait six pays culturellement semblables et d’un même niveau de développement, et leur coopération a été couronnée de succès pendant de longues années. Aujourd’hui, en revanche, ce sont 27 États membres qui s’efforcent d’accorder entre elles 27 positions géopolitiques divergentes, 27 niveaux de développement économique, 27 traditions, 27 histoires et 27 spécificités nationales. On voit bien que c’est là un défi gigantesque, et que, pour que l’Union reste soudée, il faudra changer radicalement bien des choses – alors même que l’Union n’a pas la réputation d’être très rapide dans les changements de cap, faisant plutôt penser à un énorme paquebot transocéanique.