– Vers la fin de la période de la Double monarchie austro-hongroise, l’aristocrate transylvain István Bethlen était devenu l’une des figures déterminantes de la Realpolitik conservatrice menée par le Parti National Libéral – déclare à Magyar Nemzet l’historien Sándor Szakály, prix Széchenyi, directeur général de l’Institut de Recherche historique et archivistique Veritas. Pour lui, le principal mérite du gouvernement Bethlen – formé il y a cent ans jour pour jour – est d’avoir – en dépit de la mutilation du pays et de la nation – construit, malgré toutes les difficultés externes et internes, cette Hongrie qui, vers la fin des années 1930, a commencé à atteindre un niveau moyen dans le classement des pays européens.
– Un citoyen saxon de la ville transylvaine de Sibiu, du nom de Georg Krauss, écrivait, il y a presque quatre cents ans, du prince Gábor Bethlen, qu’il a « laissé la Transylvanie en pleine efflorescence, et en meilleur état qu’à son arrivée ». Quant au comte István Bethlen, lointain parent de ce grand prince de Transylvanie, au terme des plus de dix ans qu’il a passé à la tête du gouvernement, a-t-il laissé une Hongrie en meilleur ou en pire état que celle qu’il avait trouvée en arrivant aux affaires ?
– Il est hors de doute qu’à l’été 1931, la Hongrie est, à tous points de vue, en meilleur état qu’au printemps 1921, au moment de la formation du gouvernement Bethlen – même si ce gouvernement a dû démissionner pendant cet été 1931, en raison des graves conséquences de la crise économique mondiale sur la Hongrie. Après la rechute transitoire provoquée par cette crise, la croissance économique a repris et s’est poursuivie sans relâche jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, et la base de cette croissance n’était autre que l’œuvre de Bethlen : sa consolidation politique et sociale, et la reconstruction économique. Après l’effondrement provoqué par la guerre, le chaos des deux révolutions successives, les destructions liées aux occupations étrangères – roumaine, serbe, tchèque –, en dépit de la mutilation du pays et de la nation par le traité de Trianon, en quelques années, il a réussi à remettre sur pieds ce pays piétiné, pillé, humilié, de telle sorte que, vers la fin des années 1930, il était à nouveau en tête des pays d’Europe centrale, et disposait d’une économie et d’une société s’approchant progressivement du niveau de développement de l’Europe de l’ouest – c’est en tout cas ce que montrent toutes les données et analyses statistiques.