Le moment est venu de parler de Huxit

Car cette fois-ci, si nous finissons, contre toute attente, par céder, nous perdrons. Nous aurons perdu tout ce pour quoi nous avons combattu jusqu’ici.

2021. 08. 18. 12:45
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Je sais bien que je m’attaque à un tabou, mais il faut bien que quelqu’un soit le premier à écrire – et, pour la première fois, sans arrière-pensées dissuasives, mais au premier degré – ce mot : Huxit – ce qui veut dire : la Hongrie, décidant unilatéralement, souverainement, de quitter l’Union européenne (sur le modèle du Brexit). Mais a-t-on réellement besoin d’un Huxit – au vu, notamment, de l’offensive inédite – concertée à un niveau sans précédent – des États européens et occidentaux contre les lois de protection de l’enfance adoptées par la Hongrie ?

Ce n’est pas ce que je prétends. Ce que j’affirme, c’est que, en juillet 2021, le moment est venu pour nous d’enfin examiner sérieusement le pour et le contre de l’option consistant à quitter une alliance d’États déjà fort mal en point, exhibant les symptômes d’une pathologie impérialiste, et traitant avec une arrogance méprisante – qu’elle ne cherche même plus à cacher – ses États-membres de l’Europe centrale et orientale. Nous sommes, en effet, au pied du mur : l’élite financière mondialiste et les institutions européennes qu’elle dirige – Commission, Parlement, Tribunal, et, pour partie, le Conseil de l’Europe – ont réellement la ferme intention de nous faire la leçon. Et, qui plus est : de nous punir. Voire celle de nous rendre la vie totalement impossible, dans le cas où nous refuserions d’agir conformément aux instructions qu’elles nous dictent. Et bien entendu, le châtiment suprême, c’est de nous couper les fonds. C’est le contenu des propos de l’une des vice-présidentes de la Commission, nommée Katarina Barley (qui chante naturellement dans le chœur de George Soros) : elle a déclaré que les pays récalcitrants comme la Hongrie et la Pologne devront être affamés, par suspension du versement des aides financières.

Et ces gens-là ne plaisantent pas le moins du monde.

Quels sont les arguments plaidant pour et contre une sortie de l’Union ? C’est là, je pense, une question qu’il convient d’examiner d’un point de vue politique, économique, culturel et moral, mais aussi militaire. D’un point de vue politique, ce qui peut nous inciter à rester, c’est la sensation de confort que procure à tout citoyen hongrois son appartenance à un Occident développé, démocratique, fondé sur l’alliance de nations libres – une adhésion que nous avons toujours désirée, et que nous avons enfin obtenue après quarante ans de communisme. Or l’appartenance à l’une des communautés les plus avancées du monde est une expérience hors du commun – pour faire accepter la décision d’y renoncer après seulement quinze ans, il faudra disposer d’arguments de poids.

Questions : de tels arguments existent-ils à l’heure actuelle ?

Ma réponse : oui. A savoir le fait que les priorités de cette alliance d’États si longuement attendue ont entre-temps subi des modifications en profondeur : les élites du mondialisme libéral mainstream souhaitent transformer l’Union en une formation radicalement différente de ce qu’elle était jusqu’à présent. De ce fait, notre situation est désormais la suivante : nous avons adhéré à une communauté de pays libres et souverains – ou tout du moins le croyions-nous –, mais à présent, on construit sous nos yeux, à toute vitesse, une Europe impériale, supra-fédérale, des États-Unis d’Europe basés sur la soumission des États-nations. En échappant à la domination de l’Union Soviétique, notre but principal, et notre désir le plus fervent, était de devenir une nation souveraine et indépendante. Or voilà l’objectif qui est désormais en péril. Si on cherche à nouveau à nous dicter ce que nous devons faire et comment nous devons le faire, notre appartenance à l’Union a perdu son sens.

C’est en outre maintenant que vient de commencer le cycle d’un an de conférences et de débats consacré à l’avenir de l’Union, et, dès le début, on y constate que le mainstream bruxellois place au centre des débats la réalisation du programme évoqué ci-dessus – sans même parler de la création de verrous stupéfiants, qui permettent aux institutions européennes qui ont pris l’initiative du cycle de censurer les débats, en ignorant purement et simplement les opinions qui ne seront pas jugées politiquement correctes. On peut voir un signe clair et inquiétant dans le fait que l’organisme chargé de conduire ces débats soit entre autres dirigé par Guy Verhofstadt, un mondialiste convaincu, fanatique, qui déteste le gouvernement Orbán – sans même parler de la formation, en marge de ces débats, du « groupe Spinelli » (qui doit son nom à un politicien italien du passé récent, ceinture noire de communisme), qui s’est fixé pour but la fondation des États-Unis d’Europe.

Nous devons, bien entendu, participer à ce débat, avec toute l’énergie dont nous sommes capables, mais si son résultat final devait s’avérer inacceptable pour nous, alors, il n’est pas certain qu’il sera dans l’intérêt de la Hongrie de se soumettre à nouveau à une entreprise impérialiste et mondialiste. D’un point de vue économique, ce qui peut nous inciter à rester, c’est que nous pouvons avoir accès à certaines ressources prélevées sur les contributions des États-membres : en ce moment, l’enjeu est le versement de fonds totalisant 2500 milliards d’euros, au titre du plan de relance. (Cela représente – pour l’instant – la totalité des sommes dont on essaie de nous priver.) Cependant, divers experts – d’Imre Boros à Károly Lóránt, en passant par Csaba Lentner et Magdolna Csath – nous ont, dans leurs écrits, déjà rappelé cent fois que la Hongrie, en adhérant à l’Union et pour y adhérer, a renoncé à tout mercantilisme dans sa politique économique : à ses droits de douane et à la protection des entreprises hongroises ; qu’elle a libéralisé son marché, de telle sorte que les appels d’offre financés par l’Union ont systématiquement été gagnés par des entreprises occidentales bien plus solides que leurs concurrents hongrois, et que ces dernières ont rapatrié dans leurs pays d’origine le plus gros des profits réalisés. Et n’oublions pas non plus qu’après la guerre, les pays d’Europe occidentale ont bénéficié, au titre du plan Marshall, de gigantesques subsides américains en vue de dynamiser leurs économies ; ni que les pays qui ont adhéré au cours des années 1970-80 – la Grèce, l’Espagne, le Portugal, l’Irlande, le Danemark – ont rejoint une union encore prospère, alors que les neuf États – dont la Hongrie – qui ont adhéré en 2004 sont entrés dans une Europe dont l’économie n’était plus en bonne état, si bien que les sommes allouées aux objectifs de convergence étaient incomparablement moins élevées qu’au cours des décennies précédentes.

L’un des arguments les plus percutants – outre ceux qu’on vient d’énumérer – serait qu’en cas de sortie, les entreprises occidentales se détourneraient de nous, nos liens commerciaux et économiques avec l’Union et ses États-membres – et notamment avec les géants industriels allemands – se détérioreraient. Et le moment viendrait où les trois grands – Audi, BMW et Mercedes – fermeraient à leur tour leurs usines hongroises. Mais ces perspectives horrifiques sont-elles aussi réalistes ? Notre situation économique deviendrait-elle réellement impossible ? Devrions-nous vraiment changer de modèle économique, et tendre à une impossible autarcie ?

Je ne le crois pas. D’une part, parce que les entreprises allemandes – mais aussi britanniques, hollandaises, françaises, etc. – (sans même parler de celles venues d’outre-Atlantique) ont pour critère le profit, si bien que, si la Hongrie leur épargne des dépenses, elles n’agiront pas à l’encontre de leurs propres intérêts. N’est-ce pas ce que fait l’Europe de l’Ouest en cet instant même, lorsqu’elle soigne en permanence ses rapports commerciaux avec les odieux régimes chinois et russe (cf. Northstream 2) ? En comparaison, il se pourrait bien que la Hongrie fasse figure de terrain balisé, de zone sûre, avec ou sans appartenance à l’UE ; les entreprises occidentales savent très bien à quoi s’attendre lorsqu’elles s’installent chez nous ou y restent : notre prévisibilité est notre principale vertu, et un avantage concurrentiel majeur.

D’autre part : le pays doit, bien entendu, avancer sur ses deux jambes, c’est là un principe que nous avons compris il y a plusieurs années déjà, et en fonction duquel nous agissons. Illustrons brièvement cette action en mentionnant le concept – si souvent exposé par Péter Szijjártó – et la pratique de l’ouverture à l’Est. Pro tertio : il est pour moi évident que – tout comme la Norvège et la Suisse, et maintenant aussi la Grande-Bretagne – il nous faudrait, parallèlement à la procédure de sortie, engager des négociations avec l’Union en général, et/ou avec ses États-membres en particulier. Pour le dire clairement : nous devrions conclure des traités bilatéraux, à l’exemple des pays susmentionnés ; nous sommes maintenant économiquement assez forts pour engager de telles négociations, n’étant plus un pays réduit à merci, incapable de subvenir à ses propres besoins. C’est une mauvaise passe dont nous sommes sortis. En quoi la Norvège souffre-t-elle de ne pas être membre de l’Union ? En rien. Car une éventuelle sortie ne signifierait pas nécessairement une confrontation avec l’Union, mais la définition par voie de négociation d’une nouvelle relation avec cette dernière – une relation, cette fois, librement consentie entre parties souveraines. C’est là, certes, une tâche difficile, mais pas insurmontable pour autant.

D’un point de vue militaire, quitter l’UE serait une action sans conséquences, notamment du fait que, depuis 1999, nous sommes membre de l’OTAN, et comptons bien le rester. Nous n’aurions pas besoin de créer, suivant l’exemple suisse, des centres militaires dans nos villes et villages, mais le développement des forces armées doit bien entendu se poursuivre – et c’est justement ce que nous faisons.

Passons, enfin, à l’aspect peut-être le plus important : du point de vue de la culture, des valeurs, de la vision du monde, ce qui pourrait nous inciter à rester, c’est l’argument selon lequel le ciment de notre union serait le savoir grec et romain, et/ou les normes morales du christianisme. Oui, mais est-ce encore réellement le cas ? Réponse : non, hélas, ce n’est plus le cas. Nos routes ont bifurqué, au moment où l’Occident a, cette fois consciemment – et j’insiste sur ce terme : consciemment ! –, décidé de rompre avec la morale et les valeurs du christianisme, pour s’atteler à les remplacer par une société mondiale, cosmopolite et impersonnelle, fondée sur le plaisir narcissique, désinhibé et autodestructeur de l’individu (cf. The Great Reset), tandis que nous autres, Hongrois, Polonais et Centre-européens manifestons notre attachement pour les fondements millénaires de notre culture et de notre religion. Pour notre vie. Et ce point de vue obère la pertinence des autres.

J’arrête là ce raisonnement, sans formuler de conclusions. Je me contenterai d’une seule remarque : le Fidesz n’a quitté le Parti Populaire européen qu’après mûre et lente réflexion, au terme d’une longue attente – et, ce faisant, il a très bien fait. Mais en fin de compte, il en est bel et bien sorti, sans perdre la face, sans attendre que les autres le mettent à la porte ! La différence est énorme. Ce modèle est le bon. Car cette fois-ci, si nous finissons, contre toute attente, par céder, nous perdrons. Nous aurons perdu tout ce pour quoi nous avons combattu jusqu’ici.


Tamás Fricz politologue, conseiller-chercheur auprès de l’Institut Alapjogokért Központ

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