– Comment avez-vous accueilli la nouvelle de la signature par le chef du gouvernement italien, Mario Draghi, de la lettre condamnant la Hongrie pour la loi de protection des mineurs qu’elle a fait passer ? Dans cette lettre, ce sont les dirigeants de dix-sept pays qui accusent le gouvernement hongrois d’instituer par cette loi une discrimination à l’encontre des membres de la communauté LGBT.
– J’ai appris cela avec stupéfaction. Tout ce que je peux dire, c’est que nous, nous sommes une autre Italie, qui ne peut pas s’identifier à la position du chef de notre gouvernement. Pour cette décision courageuse, la Hongrie mériterait de bénéficier d’un élan international de solidarité et de soutien. Et ce, en tout premier lieu, parce qu’elle n’a pas peur d’écouter l’opinion de ses citoyens. Ce que prouve le fait qu’elle ait soumis à référendum cette loi placée sous le feu croisé des controverses. Il serait bon qu’il existe un forum international où les citoyens des pays occidentaux pourraient, eux aussi, exprimer publiquement leurs opinions et dire comment ils souhaiteraient élever leurs enfants. Car la réalité, c’est que les parents italiens seraient très heureux aussi de pouvoir élever leurs enfants à l’abri des idéologies, conformément à leur propre vision du monde.
– Et cela, la classe politique italienne n’est pas pour ?
– De nos jours, en Italie, le législateur aurait plutôt tendance à offrir une marge de manœuvre encore plus large à la diffusion des idéologies de type LGBT dans les écoles, et à laisser encore moins de liberté aux parents qui voudraient défendre leurs enfants de ces influences néfastes. Ces jours-ci, j’ai eu une rencontre face-à-face avec le député Alessandro Zan, qui a assumé l’initiative de la proposition de loi destinée à criminaliser l’homo-transphobie. J’aurais voulu lui remettre une lettre, récapitulant les inquiétudes de milliers de familles italiennes. Tout ce que le député Zan a eu à me répondre, c’est : « Nous ne pouvons pas être un pays homophobe, comme la Hongrie et la Pologne. » Après quoi il a tourné les talons et m’a plantée là sans m’avoir répondu. Tout ce que j’ai pu faire, c’est lui crier, pendant qu’il s’éloignait : « L’Italie serait donc homophobe, parce qu’elle permettrait aux parents d’élever librement leurs enfants ? » Mais lui ne s’est même pas retourné pour me regarder dans les yeux – il a continué son chemin. Voilà bien la gauche : incapable de donner de vraies réponses aux citoyens, et d’écouter leur opinion.
– Que pensez-vous du référendum hongrois ?
– Je pense que le référendum est un instrument d’une portée exceptionnelle, qui confère aux citoyens hongrois une liberté encore plus grande, en leur permettant de décider eux-mêmes, par leur vote, s’ils souhaitent confirmer ou rejeter les mesures prises par leur gouvernement. Cela donne aussi à la Hongrie la possibilité de se laver enfin de ce stigmate international, du reproche infondé selon lequel ce serait un pays homophobe. Mais pour prendre la bonne décision, les Hongrois ont besoin d’être informés de ce qui se passe dans les écoles occidentales.
– Pourquoi ? En Italie, il se passe quoi ?
– Les familles italiennes ont dû livrer seules la bataille pour le droit d’éduquer librement ses enfants, rassemblées derrière un front unissant organismes de la société civile, mouvements chrétiens, de défense de la vie et de la famille. L’organisme que j’ai fondé et que je préside – son nom en dit assez long sur ses objectifs : « Pas touche à la famille ! » – a été créé en 2013, dans un moment historique très difficile, qui semblait même désespéré. C’étaient les années au cours desquelles les familles italiennes ont remarqué que des idéologies dangereuses et pernicieuses s’étaient infiltrées dans l’enceinte des écoles italiennes, à l’insu des parents, et sans leur consentement. Le Bureau national contre la discrimination et le racisme a commencé à diffuser dans les écoles des cahiers de propagande présentant des différences sexuelles. Il était évident que l’intention était d’appliquer tout ce programme dans le dos des parents, ouvrant ainsi la voie à l’endoctrinement idéologique des enfants. A première vue, il semblait qu’il soit question de tolérance à l’égard des diverses religions, ethnies, groupes culturels et sociaux. Mais en réalité, ces opuscules contenaient une propagande explicite en faveur de l’acceptation de l’homosexualité. C’est à ce moment que, suite à une conférence, plusieurs familles se sont coalisées pour que naisse cet organisme, dont la finalité principale était d’attirer l’attention sur ce péril latent, odieusement dissimulé, qui guettait notre nation et nos enfants, et d’informer les familles des buts véritables de ce jeu.
– Et que s’est-il produit alors ?
– Depuis lors, pendant ces neufs ans qui se sont écoulés depuis, nous n’avons pas arrêté un seul instant. Les abus commis dans les écoles ont pris un caractère massif, si bien que le gros des attaques visant les enfants n’a pas pu être paré. Nous avons systématisé la compilation des plaintes émanant de familles : ce sont les récits des enfants qui leur ont fait prendre conscience de ce qui était en train de se produire dans les salles de classe. Des personnes et des associations non-identifiées ont pénétré sans autorisation dans les écoles, où elles ont pratiqué l’éducation sexuelle, illustrant les possibilités de changement de sexe existantes et faisant l’apologie de l’homosexualité à l’école, en insistant sur l’inexistence des différences sexuelles : on peut avoir le sexe qu’on veut, sans limitations biologiques. Cette propagande a commencé à s’étendre aux petites classes : aux maternelles et aux crèches. Quant à nous, nous sommes devenus les porte-parole des gémissements de détresse des familles, et nous leur offrons notre soutien en vue de reconquérir leurs droits à la liberté d’éducation.
– Et quel est votre bilan ?
– En 2018, nous avons remporté une gigantesque victoire : le ministère de l’Éducation a accepté la recommandation que nous formulions, en obligeant les écoles à informer les familles de la tenue de toute activité extracurriculaire organisée dans leur enceinte. Et, pour peu que les parents ne l’approuvent pas, qu’ils puissent choisir de tenir leurs enfants à l’écart des activités en question, remplacées pour eux par une autre activité scolaire. Au terme de plusieurs années de combat aux côtés des familles, nous avons obtenu que les parents puissent exprimer leur opinion, ou aient simplement un droit de regard sur l’éducation scolaire de leurs enfants. Nous y avons réussi au prix d’efforts extraordinaires, d’organisation de conférences, de publication d’articles de journal et de communiqués. C’est d’ailleurs un succès qu’on nous envie dans divers pays occidentaux, étant donné qu’en Espagne, en Angleterre, en France et en Allemagne, les parents sont déjà menottés. Il est devenu inimaginable qu’ils puissent formuler des objections en rapport avec la diffusion scolaire de l’idéologie du genre, ou qu’ils cherchent à en faire dispenser leurs enfants. Quand ils cherchent à le faire, ils sont aussitôt stigmatisés par l’apposition de l’étiquette d’homophobie, et les réprimandes commencent. En Italie, jusqu’à présent, on a réussi à contenir l’hégémonie de l’idéologie du genre, alors même que, ici aussi, la pression est énorme, en dépit de la protection que notre constitution assure au droit d’éduquer librement. C’est cette liberté que la loi Zan a placée dans sa ligne de mire.
– Que pensez-vous de la loi adoptée par la Hongrie pour la protection des mineurs ?
– Je pense que, dans ce moment historique, la Hongrie est devenue le flambeau de l’Europe. Cette loi est une preuve de civilisation, et montre qu’un État démocratique doit assurer la protection des plus faibles : la protection des enfants mineurs dont la personnalité est encore en cours de formation, et qui sont devenus les cibles favorites de la démagogie. Pour l’Europe, la Hongrie est un flambeau, qui prouve que le salut des familles et des jeunes générations est une question de volonté politique. Elle a le courage de prendre position, en affirmant que l’éducation représente un droit exclusif des familles. Nous espérons que les autres pays européens suivront son exemple. Il ne fait aucun doute pour nous que cette loi n’a rien à voir avec nos attitudes face à l’altérité. Nous autres, pédagogues italiens, faisons très attention à rester ouverts aux différences, et tolérants vis-à-vis de l’altérité religieuse, ethnique, ou de tout autre nature. Nous prenons chaque enfant tel qu’il est, et pour ce qu’il est. Et les Hongrois ne rejettent pas davantage que nous certaines catégories ou communautés, mais cette pression idéologique qui s’infiltre dans l’intimité des familles pour pousser les jeunes à des dérives anthropologiques. Les familles italiennes contemplent avec inquiétude tout ce qui se passe en Italie, et avec une admiration sans bornes ce qui se passe en Hongrie. À vrai dire, elle envient les familles hongroises, pour le soutien et la protection dont elles jouissent, et pour la possibilité de faire savoir sous la forme d’un vote comment elles souhaiteraient vivre dans leur patrie. Tout ce que nous pouvons espérer, c’est que l’Europe reconnaîtra le rôle pionnier de la Hongrie, et décidera de suivre son flambeau.