Nicolas Bay : c’est un procès stalinien qu’on intente à la Hongrie

Arrivée à Budapest le 29 septembre pour une visite de sept jours en Hongrie, la délégation de la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures du Parlement européen – plus connue sous le nom de Commission LIBE – compte sept membres, parmi lesquels se trouve l’eurodéputé français Nicolas Bay, du Rassemblement national français. Ce dernier, qui prend régulièrement le parti de la Hongrie, affirme que le Parlement européen soulève contre la Hongrie des accusations vides, qui servent de prétexte à une campagne politique contre le gouvernement hongrois.

2021. 10. 02. 15:51
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2021.09.29. Budapest Nicolas Bay, LIBE Fotó: Kurucz Árpád Fotó: Arpad Kurucz
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Éva Harangozó: C’est en tant que membre de la Commission LIBE que vous venez en visite à Budapest, et nous nous parlons au soir du premier jour de cette visite. À plusieurs reprises, vous avez souligné que tout ce que vous cherchez, c’est la justice, et que vous souhaitez seulement vous faire une idée réaliste de la situation en Hongrie. Que vouliez-vous dire par là ?

Nicolas Bay: J’ai voulu prendre personnellement connaissance de ces dossiers : de ces prétendues violations de l’état de droit, censées justifier les accusations portées contre la Hongrie. Parmi ces accusations, j’aimerais mentionner celles qui portent sur la réforme de la justice, ou encore concernant le manque prétendu de pluralisme médiatique. Tout à l’heure, je me promenais dans les rues de Budapest, et j’ai vu des journaux de différentes sensibilités politiques qui sont diffusés, publiés librement ; on voit donc bien que le pluralisme médiatique existe, et que ces accusations ne sont pas fondées. Plus récemment, les accusations ont porté sur les droits des LGBT qui seraient menacés, alors que, simplement, le gouvernement veut défendre les familles, encourager la natalité, et ne veut pas laisser la propagande LGBT atteindre les enfants. C’est un choix politique, parfaitement légitime, conforme à l’intérêt général, et qui ne relève pas du tout de la compétence de l’Union européenne. Tous ces prétextes servent à punir le gouvernement hongrois, parce qu’il est trop conservateur, parce qu’il a rejeté le principe des quotas de migrants, et qu’il a osé rappeler que l’accueil des migrants est une compétence nationale, et non une prérogative de l’Union.

Éva Harangozó: Quelles observations ramenez-vous de ce premier jour d’enquête ?

Nicolas Bay: Mercredi après-midi, j’ai eu une réunion qui m’a permis de poser des questions à diverses ONG, or, en quatre heures d’audition, pas une seule de ces associations n’a été capable de citer un seul exemple précis, factuel, d’atteinte à l’état de droit : pas une seule association n’a été dissoute ; pas un seul journal n’a été interdit de publication ; pas une seule manifestation n’a été empêchée. On voit donc bien que ces accusations d’atteinte à l’état de droit sont vides. Ce sont des accusation floues, qui servent simplement de prétexte à une campagne politique contre le gouvernement hongrois.

Éva Harangozó: Que pensez-vous de cette campagne que mène en permanence le Parlement européen contre la Pologne et la Hongrie ?

Nicolas Bay: En réalité, la procédure de l’article 7 engagée contre la Pologne et la Hongrie est une sorte de procès stalinien. C’est un procès totalement inéquitable, avec des motifs totalement illégitimes. Mais la bonne nouvelle, c’est qu’il y a de plus en plus d’États-membres qui refusent ces dictats imposés par des fonctionnaires de Bruxelles, qui ne sont pas légitimes, et qui ne peuvent pas décider à la place des peuples. L’Europe est aujourd’hui affaiblie, fragilisée par ce fonctionnement des institutions européennes. Il faut en revenir à des coopérations libres entre les nations, ce qui implique qu’on accepte que chaque nation ait son histoire propre, sa sensibilité, sa singularité, son identité – qui doivent être préservées.

Éva Harangozó: Que pensez-vous de l’approche fédéraliste qui monte en puissance dans l’Union européenne et de la multiplication des empiètements sur les compétences nationales ?

Nicolas Bay: Je crois qu’aujourd’hui, nous sommes au-delà de la dérive fédéraliste ; il y a une volonté d’instaurer un pouvoir centralisé à Bruxelles, qui dépasserait le stade du fédéralisme. Il est plus nécessaire que jamais de mettre en œuvre une Europe démocratique. L’Europe ne peut pas donner des leçons de démocratie au monde entier en ayant elle-même une organisation aussi peu démocratique. Cela impose un rééquilibrage important, notamment des pouvoirs respectifs de la Commission et du Conseil. La Commission, ce sont 23 000 fonctionnaires et 27 commissaires européens, que personne n’a élu, qu’à peu près personne ne connaît – or ce sont eux qui ont le plus de pouvoir ! Il faut réformer, et redonner le pouvoir au Conseil, c’est-à-dire aux États-membres.

 

Éva Harangozó: Comment faudrait-il réformer l’Union européenne ?

Nicolas Bay: Il y a une civilisation européenne, une histoire commune, et je crois qu’avec le gouvernement hongrois et d’autres gouvernements et forces politiques partout en Europe, nous pouvons porter le projet d’une véritable alternative, celle d’une Europe plus respectueuse des nations, organisant des coopérations dans les domaines où c’est utile. Il faut souligner que le gouvernement hongrois, le mieux élu des 27 pays de l’Union européenne, tirant des urnes une très forte légitimité, peut montrer la voie d’un renouveau démocratique. Comme Viktor Orbán ne se lasse pas de le répéter, les frontières extérieures de Schengen doivent être protégées contre les vagues de migrants. La façon dont nous défendons actuellement nos frontières extérieures est, en effet, inacceptable. Notre projet, c’est de redéfinir les objectifs de l’Union européenne – notamment la préservation de notre identité et de notre sécurité. Et sans doute faut-il réfléchir à une organisation qui soit plus politique, plus démocratique, et moins technocratique. Pour l’instant, nous tirons peu d’avantages de ces institutions. Pour ma part, j’en déduis qu’il y a une volonté bureaucratique qui s’oppose à la volonté du peuple – ce qui est assez inquiétant.

Éva Harangozó: Pour en venir à la politique française : dans quelques mois, les Français vont élire un président. Quelles sont les chances du Rassemblement National ?

Nicolas Bay: La campagne ne fait que débuter, mais tous les sondages depuis plusieurs mois indiquent que nous aurons probablement un second tour opposant le président sortant, Emmanuel Macron, à Marine Le Pen, la principale opposante, à la tête du Rassemblement National, qui est la seule vraie force d’opposition. Les sondages donnent pour l’instant une très courte avance à Emmanuel Macron – il nous reste donc sept mois pour convaincre.

Nicolas Bay

Parti : Rassemblement National
Groupe au Parlement européen : Identité et Démocratie

Eurodéputé depuis 2014. Membre de plein droit de la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE), et membre suppléant de la Commission des Affaires étrangères. De 2014 à 2017, il a été le secrétaire général du Front National. Auparavant, il avait aussi été conseil municipal.
Prenant systématiquement et résolument parti pour un projet d’Europe des nations, il a soutenu sans atermoiements la Hongrie quand cette dernière a été accusée de violations de l’état de droit. Il l’a par exemple fait au moment où la majorité du Parlement européen s’est mise à parler de dictature à propos de l’état d’urgence qui avait été proclamé en Hongrie. Bay a alors affirmé que ce qui valait ces attaques à la Hongrie, c’est le fait de ne pas avoir accepté la politique migratoire de l’Union. Il a, de même, défendu la Hongrie dans les débats portant sur l’indépendance des médias, ou encore sur les conditionnalités politiques qu’on cherche à imposer aux transferts budgétaires. Dans la presse occidentale, il a pris position avec une inhabituelle fermeté contre l’immigration musulmane.

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