– Pourquoi les conservateurs italiens considèrent-ils la protection de l’environnement comme un sujet important ?
– Certains sujets donnent souvent l’impression d’avoir été confisqués par la gauche ou par la droite, et pourtant, la responsabilité environnementale est l’affaire de chaque citoyen, indépendamment de ses vues politiques. La grande question de la préservation de l’univers créé devrait unir, et non diviser, les principaux protagonistes du jeu politique. Mais ce qu’on constate, c’est qu’une gauche libérale et mondialiste d’un nouveau type s’est approprié la tendance représentée par Greta Thunberg ou par le mouvement des Fridays For Future, et informe cette tendance d’un contenu idéologique, tout en confisquant le sujet de la protection de l’environnement. Nous considérons qu’il est de notre devoir de faire entendre notre voix quand on essaie de placer des idéologies en embuscade derrière la protection de l’environnement. Face, notamment, aux efforts déployés en vue de nier l’identité des peuples et le droit à l’existence des États-nations, ou encore de porter aux nues la société multiculturelle. Lorsque nous nous heurtons à de tels phénomènes, nous ne pouvons pas nous dispenser de proposer une alternative issue de nos valeurs conservatrices. Ce qu’on appelle le conservatisme vert est une sensibilité politique qui met l’accent sur la préservation de l’univers créé.
– Comment doit-on se représenter le conservatisme vert ?
– Il repose sur trois piliers centraux. Le premier, c’est que la protection de l’environnement est réalisable localement : l’échelle mondiale n’est pas la seule à laquelle elle puisse être réalisée. En s’appuyant sur les enseignements de Roger Scruton, le conservatisme vert parie sur les petites communautés, et postule que la protection de l’environnement inclut celle de l’identité des peuples. Le second, c’est qu’il examine les besoins des entreprises en regard des spécificités locales. La protection de l’environnement ne doit prendre nulle part la forme d’une pression autoritaire qui aille diamétralement à l’encontre des intérêts économiques du territoire. Le troisième, c’est qu’il faut aussi prendre en considération les possibilités et les besoins des couches sociales défavorisées. Il est exact que nous avons besoin d’une révolution des transports, mais personne ne devrait s’attendre à ce qu’un homme qui n’en pas les moyens financiers se débarrasse de la voiture qu’il utilise depuis vingt ans pour acheter une automobile électrique ou hybride à cinquante ou soixante mille euros. Nous n’avons aucune chance d’inverser les processus engagés dans notre environnement si nous tentons de le faire en ignorant totalement les besoins des individus et ceux des communautés.