« Les restrictions sévères qui ont, vendredi dernier, affecté la visibilité des publications Facebook des hommes politiques hongrois
montrent bien le pouvoir énorme dont est désormais investie une telle plateforme médiatique, lui permettant de restreindre, sans s’exposer à aucune rétorsion légale, l’accès au public dont disposent des hommes politiques – y compris des dignitaires gouvernementaux, voire des chefs de gouvernement. »
« Il est fort inquiétant que les données fournies par Facebook et les géants technologiques de la même catégorie ne soient généralement pas vérifiables du tout, ou très difficilement vérifiables, de telle sorte qu’il n’est même pas certain que les événements de vendredi dernier aient été dus à un problème technique. »
« En tant qu’utilisateurs – nous a confié ce spécialiste –, nous sommes tous livrés à l’arbitraire de ces plateformes, et même à supposer que seules des considérations économiques les aient amenés à restreindre la visibilité des contenus partagés par des hommes politiques, on peut s’attendre à tout moment à voir ces considérations évoluer, ainsi que la pratique du filtrage des contenus sur les réseaux sociaux. ».
Comme on le sait, en janvier de cette année, Facebook a fait savoir, en rapport avec les troubles survenus au Capitole dans le contexte des élections américaines, qu’il comptait restreindre très généralement l’accès aux contenus politiques postés sur son réseau.
« Il se peut que l’arrière-pensée présidant à ces manœuvres soit que la polarisation des opinions politiques et les débats passionnés qui s’ensuivent risquent de retirer à certains utilisateurs l’envie d’avoir recours à ce site, mais on ne peut pas non plus exclure qu’il soit dans l’intérêt de certains groupes politiques proches du géant numérique de faire passer les contenus politiques au second plan. »
« Il n’est pas impossible non plus que Facebook souhaite extraire un profit supplémentaire d’une tarification de la visibilité offerte aux divers messages de nature politique. À l’approche des élections législatives de 2022, ils ont pu juger opportun d’envoyer un signal, de façon à faire comprendre qu’à la différence de la pratique actuelle, faire parvenir efficacement ses messages à un électorat cessera à l’avenir d’être gratuit. »