Quand j’ai entendu dire que la dispute entourant l’état de droit allait se poursuivre dans le cadre de l’OTAN, j’ai cru, avec le plus grand sérieux du monde, qu’il ne s’agissait que d’une sorte de blague, de plaisanterie du premier avril à retardement. Mais non, c’est bien réel. Une organisation militaire se fixe pour objectif de veiller au respect des minimums démocratiques par les Etats placés sous sa tutelle. Voilà un genre d’idée qui débouche généralement sur d’excellents résultats, non ? Lorsque des forces armées découvrent comment les gens devraient vivre, et leur donnent d’abord des conseils dans ce domaine, puis des ordres, et finissent par leur faire creuser une fosse avant de les exécuter à même cette fosse – pour peu que ces pauvres fous n’aient pas été capables de comprendre les principes de base de la démocratie.
Et pour parfaire l’ambiance, permettez-moi de vous citer le nom de la commission qui, au sein de l’organisation, aura pour charge d’examiner l’état de la démocratie : Centre d’Examen de la Capacité de Résilience Démocratique. Oui, je sais que citer les Monty Python est devenu un cliché, mais la dernière fois qu’on a rencontré ce genre de dénomination, énoncée avec un sérieux mortel, mais qui, chez toute personne sensée, ne peut provoquer que d’abord un rire nerveux, et ensuite l’effroi, c’est dans le film intitulé Vie de Brian – si déjà il est question d’organisations, de commissions et de vie politique.
Attila Mesterházy, vice-président de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN – qui prend le pluralisme politique tellement au sérieux que, il y a une ou deux semaines de cela, dans les studios de la chaîne Hír TV, il a expliqué, menaçant, au secrétaire d’Etat Tamás Menczer que, pour ce qu’il venait de dire, dans un bistrot, il se serait déjà fait casser la gueule (sic !) – a récemment exprimé toute la joie que lui inspirait la formation de cette commission. Selon ses propres termes : ce qui distingue l’OTAN de tout autre alliance défensive, c’est qu’elle a été créée précisément parce que ses fondateurs souhaitaient protéger le respect des valeurs fondamentales de la démocratie et protéger l’état de droit.