Le rapporteur du tout dernier projet de résolution sur la Hongrie en cours d’examen au Parlement européen (PE) est un politicien maltais sous le coup d’une condamnation à deux ans de privation de liberté pour diffusion de contenus pornographiques. En 2014, Cyrus Engerer, du Parti travailliste de Malte,
a été reconnu coupable par une cour maltaise d’avoir, de façon préméditée, cherché en 2010 à faire de son ancien compagnon, Marvic Camilleri, la risée du public en diffusant sur Internet des enregistrements à caractère pornographique sur lesquels ce dernier est reconnaissable,
peut-on lire dans le reportage publié à l’époque par The Malta Independent, qui fait apparaître que la relation homosexuelle qui unissait les deux hommes a pris fin en décembre 2009, et que, quelques jours plus tard, les collègues de Marvic Camilleri ont reçu, joints à des e-mails d’un expéditeur inconnu, des enregistrements compromettants pour ce dernier. La victime a déclaré à la police soupçonner Cyrus Engerer qui cherchait à se venger de leur rupture.
La justice maltaise a en outre établi qu’Engerer avait menacé Camilleri de diffuser encore plus d’informations compromettantes s’il ne renonçait pas à sa plainte.
Cyrus Engerer s’était procuré ces enregistrements en s’introduisant dans l’appartement de Camilleri (dont il avait la clé), pour charger sur une clé USB, depuis l’ordinateur de son ex-amant, des enregistrements photo et vidéo obscènes de ce dernier sur lesquels lui-même ne figurait pas. Il avait en outre copié les adresses électroniques du supérieur de Camilleri et de ses collègues, et fait disparaître, avant de quitter l’appartement, toute trace de son passage.
« La véritable faute de Cyrus Engerer a été de voler, sur l’ordinateur de sa victime, des prises de vues privées avec l’intention d’en faire la risée de son supérieur et de ses collègues, de sorte qu’il perde son poste, ou tout du moins sa dignité. Ceux qui ne comprennent pas la gravité de cette faute devraient se poser des questions en ce qui concerne leurs propres valeurs. »
C’est ce qu’écrivait en 2014 sur cette affaire la journaliste maltaise Daphne Caruana Galizia.
La majorité de gauche libérale du Parlement européen se prépare à adopter jeudi une résolution condamnant la Hongrie pour ses lois anti-pédophilie. « Le Parlement européen condamne de la manière la plus ferme la Loi adoptée par le Parlement hongrois, qui constitue une violation claire des valeurs, des principes et du droit de l’Union », peut-on lire dans le texte, parvenu à notre connaissance, de la prise de position du PE qui doit être soumis au vote. Un texte qui doit être lu par Cyrus Engerer. L’eurodéputé socialiste y enjoint à la Commission de suspendre le virement des sommes dues à la Hongrie au titre du fond de relance et des projets du budget pluriannuel 2021–2027 tant qu’elle n’aura pas la certitude que l’allocation de ces fonds ne contribuera pas à la mise en péril des plus élémentaires des droits de l’homme.